Prendre une décision difficile peut parfois se révéler très angoissant. Les décideurs sont souvent confrontés à des prises de décisions cruciales dans l’urgence, et avec peu d’information. La gestion du stress décisionnel est donc une compétence précieuse pour réussir dans le monde professionnel et personnel. Nous allons voir comment cette compétence peut être étayée par des approches concrètes et éprouvées, en abordant trois points :

Ces éléments sont non exhaustifs et constituent seulement une introduction à ce sujet complexe.

la régulation du stress décisionnel, qui peut mettre en échec même les meilleures stratégies,
les stratégies de décision formelles, qui permettent d’opérationnaliser une décision en situation difficile,
les méthodes de gestion de la charge cognitive, qui permettent d’optimiser les capacités cognitives du décideur.

Neurocognition du stress décisionnel

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Prendre une décision difficile implique de réguler efficacement son stress décisionnel. Le stress est une réponse complexe du corps à des stimuli perçus comme menaçants. Lorsque le cerveau détecte une menace, l’hypothalamus, une région du cerveau, libère des hormones telles que le cortisol et l’adrénaline. Ces hormones activent ensuite la réponse de stress, préparant le corps à faire face à la menace perçue.

Les mécanismes neurocognitifs du stress impliquent une interaction complexe entre le cerveau, le système nerveux autonome et diverses régions cérébrales. La balance sympatho-vagale, qui régule l’activité du système nerveux autonome, joue un rôle essentiel dans la réponse au stress. L’amygdale cérébrale, une structure clé du cerveau, est particulièrement impliquée dans la perception et le traitement des stimuli stressants.

Balance sympatho-vagale

La balance sympatho-vagale fait référence à l’équilibre entre les branches sympathique et parasympathique du système nerveux autonome. Le système sympathique prépare le corps à l’action immédiate (la lutte ou la fuite), tandis que le système parasympathique favorise la relaxation et la récupération. Un bon équilibre entre ces deux systèmes est crucial pour une réponse au stress adaptative. A chaque cycle respiratoire, à chacune des actions que nous entreprenons, le système autonome est impliqué. Il interragit en outre avec les mécanismes de nos émotions.

Un équilibre approprié de la balance sympatho-vagale permet une récupération après le stress. Les stratégies psycho-corporelles telles que la relaxation progressive de Jacobson, la méditation, la respiration profonde et d’autres techniques de gestion du stress ont démontré des effets bénéfiques sur cet équilibre, favorisant une réponse adaptative au stress. Sharon Salzberg, dans son ouvrage, propose des exercices pratiques de respiration méditative. Vous pouvez aussi pratiquer la relaxation progressive de Jacobson.

L’amygdale cérébrale

L’amygdale cérébrale, une paire de petites structures en forme d’amande situées dans le cerveau, joue un rôle clé dans l’évaluation rapide des stimuli comme menaçants et active la réponse de stress en mobilisant d’autres régions cérébrales et le système nerveux autonome.

Lorsqu’une personne est exposée à un stimulus stressant, l’amygdale déclenche une cascade de réponses neurochimiques. Le système sympathique est activé, provoquant l’augmentation de la fréquence cardiaque, la libération de glucose et la redirection du flux sanguin vers les muscles. Dans certains cas (en cas de choc, de forte douleur, ou parfois simplementà la vue du sang) c’est le système parasympathique qui s’active – le corps se met en mode « pause » comme pour faire face à un choc hémorragique.

Image : amygdale cérébrale. Image de la base Anatomography / Life Science Databases (LSDB).

Réguler le stress décisionnel

La gestion du stress décisionnel n’est pas seulement une compétence, mais une discipline à cultiver. Voici quelques pistes :
Pratique de la Pleine Conscience : la méditation de pleine conscience permet de réduire le stress et de favoriser des décisions plus réfléchies. Le programme PRESENCE de mindfulness en entreprise permet de développer cette compétence.
Relaxation : La respiration profonde est une technique simple mais puissante pour apaiser le système nerveux et réduire le stress instantanément. Sharon Salzberg, dans son ouvrage, propose des exercices pratiques de respiration méditative. Vous pouvez aussi pratiquer la relaxation progressive de Jacobson.
Analyse des options : Prendre le temps d’analyser toutes les options disponibles avant de prendre une décision peut atténuer le stress. Le livre de Jonah Lehrer offre des conseils sur la façon dont notre cerveau traite les différentes options. Si vous n’y parvenez pas seul, un accompagnement avec un coach peut vous aider à faire la part des choses.

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Stratégies de décision formelles

La prise de décision peut être simplifié à l’aide d’outils permettant de l’organiser en systèmes. On peut citer trois principales méthodes : la plannification par scénario, la résolution de problmes, et les plans de contingence.

  • La plannification par scénario permet par exemple de réduire les risques liés aux décisions en situation d’incertitude ou de manque d’information. Les décidurs intégrant des scénarios dans leur planification ont une meilleure capacité à s’adapter aux changements imprévus.
  • La résolution de problèmes est une méthode cognitivo-comportementale pour identifier, analyser et résoudre les problèmes développée à l’origine par Aaron T. Beck. Elle permet de décider lorsqu’il n’y a aucune bonne solution, dans une démarche de construction progressive de la solution (par « petits pas »).
  • Les plans de contingence font partie des méthodes cognitivo-comportementales de prise de décision. Il s’agit de stratégies préventives élaborées pour faire face aux situations difficiles. Ces plans visent à anticiper les obstacles potentiels et à fournir des directives spécifiques sur la manière de faire face à ces défis de manière adaptative.
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Planification par scénario

La planification par scénario consiste à imaginer et à préparer plusieurs trajectoires futures possibles, plutôt que d’essayer en vain de deviner le scénario qui se produira. Cette approche permet d’identifier des opportunités, de minimiser les risques et de développer une agilité essentielle face à l’incertitude.

La décision est abordée de façon systématisée :
Identification des tendances : analyser les tendances est une première étape cruciale pour élaborer des scénarios pertinents.
Décision en groupe : impliquer les parties prenantes internes et externes dans une démarche collaborative permet d’optimiser l’identification et la décision.
Adaptabilité : des plans flexibles sont ensuites construit, en construisant un plan « généraliste » tirant le meilleur partie de l’ensemble des futurs possibles, et en fonction de l’évolution des circonstances.

Vous faites face à une situation difficile ? Un accompagnement avec un coach peut vous aider à planifier par scénarios.

Résolution de problèmes

La méthode de résolution de problème s’appuie sur des algorithmes provenant de la démarche utilisée en recherche scientifique. Le processus commence par l’identification claire des problèmes spécifiques auxquels la personne est confrontée, définis de façon chiffrée et opérationnelle. Ensuite, les différentes solutions possibles ont répertoriées sans les juger (sans se censurer). La solution la moins pire est ensuite choisie, et expérimentée par la méthode des petits pas : en avançant par petites étapes, et en évaluant le résultat au fur et à mesure.

La résolution de problèmes dans la méthode cognitivo-comportementale s’inscrit dans une approche plus large visant à changer les schémas de pensée et les comportements qui contribuent au stress décisionnel.

Plans de contingence

Voici les éléments clés pour élaborer un plan de contingence :
Anticipation des obstacles : lister les situations problème susceptibles de se produire, et les signaux d’alarme indiquant qu’une situation difficile est àr risque de survenir.
Stratégies préventives : ces stratégies varient en fonction de la nature du problème, elles sont déclenchées lorsqu’un signal d’alerte est repéré. Il s’agit d’actions à mener pour limiter les conséquences négatives d’un obstacle – voire d’en tirer parti.
Réévaluation : Les plans de contingence sont périodiquement réévalués et ajustés en fonction de leur efficacité.

Vous faites face à une situation difficile ? Un accompagnement avec un coach peut vous aider à construire votre plan de contingence.

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Gérer la charge cognitive

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Prendre une décision difficile peut mettre en échec intellectuellement. Lorsque le problème dépasse en complexité l’intelligence humaine, des outils permettent de réduire la difficulté pour la mettre à portée du décideur :

  • Les cartes heuristiques, popularisées par le psychologue britannique Tony Buzan, servent à représenter les connexions multiples entre les idées d’une manière naturelle et ergonomique. Elles permettent de réduire la charge cognitive dans les prises de décision complexes.
  • La stimulation cognitive est une approche d’entraînement des fonctions cognitives : le décideur s’entraîne à augmenter ses capacités attentionnelles et de mémoire de travail, et à réguler sans anxiété de performance. En somme, comme un sportif entraîne ses capacités physiques, le décideur peut entraîner ses performances intellectuelles.
  • Les heuristiques décisionnelles sont des règles permettant de simplifier les démarches de prise de décision en simplifiant intelligeamment le problème.

Cartes heuristiques

Vous pouvez créer une carte heuristique à la main sur du papier ou utiliser des outils numériques tels que des logiciels de cartographie mentale.

Identifiez le thème central et placez-le au centre de votre page ou de votre espace de travail. À partir du thème central, tracez des branches principales qui représentent des catégories générales ou des sous-thèmes liés au thème central. Privilégiez l’utilisation de mots clés et de phrases courtes pour décrire chaque concept. Utilisez des lignes, des flèches ou d’autres éléments graphiques pour montrer les relations et les connexions entre les différentes idées sur la carte. À chaque branche principale, ajoutez des sous-branches pour détailler davantage les concepts spécifiques ou les idées associées.

Organisez la carte de manière logique et esthétique, en vérifiant sa cohérence globale. Regroupez les idées connexes, en variant la taille et la forme des branches et des sous-branches pour donner une hiérarchie visuelle aux informations. Intégrez des images, des icônes ou des couleurs pour rendre votre carte plus lisible.

Stimulation cognitive

Pour améliorer les fonctions cognitives (la mémoire, l’attention, les fonctions exécutives, et d’autres compétences mentales), des exercices spécifiques visant à renforcer les compétences cognitives ciblées sont effectués. Cela peut inclure des activités de stimulation cognitive, des jeux, des exercices de mémoire, et d’autres approches axées sur l’entraînement cognitif. La stimulation cognitive repose souvent sur le principe de la plasticité cérébrale, qui est la capacité du cerveau à restructurer ses connexions en réponse à l’expérience et à l’apprentissage. Plus récemment, l’approche du neurofeedback 4e vague implique l’utilisation d’enregistrements EEG dans les exercices de stimulation cognitive. Ces entraînements sont effectués avec un coach.

Heuristiques décisionnelles

Les heuristiques décisionnelles consistent à appliquer des règles de simplification dans les processus de décision. Il s’agit par exemple d’établir des priorités en fonction de vos valeurs (ou de celles de votre entreprise). Ces priorités vous permettent alors de simplifier votre prise de décision : décider d’agir en accord avec vos valeurs vous permet en effet d’être toujours gagnant, puisque à minima vous pourrez être en accord avec votre façon d’agir. Pour une entreprise, agir en accord avec ses valeurs est une façon de renforcer son image de marque ou sa marque employeur.

De l’aide pour une décision difficile

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Références

  • Bloom, M. J., & Menefee, M. K. (1994). « Scenario planning and contingency planning ». Public Productivity & Management Review, 223-230.
  • LeDoux, J. E. (2003). « The Emotional Brain: The Mysterious Underpinnings of Emotional Life. » Simon & Schuster.
  • Thayer, J. F., & Lane, R. D. (2000). « A model of neurovisceral integration in emotion regulation and dysregulation. » Journal of Affective Disorders, 61(3), 201-216.
  • McEwen, B. S. (2007). « Physiology and neurobiology of stress and adaptation: central role of the brain. » Physiological Reviews, 87(3), 873-904.

Quelques livres sur ce sujet :

  •  « Faire le bon choix » de Jonah Lehrer et Hayet Difallah (2010) – L’auteur explore les processus décisionnels neurocognitifs, offrant des outils pratiques pour prendre des décisions éclairées même sous pression.
  •  « Apprentissage de la méditation » de Sharon Salzberg (2015) – Sharon Salzberg offre une perspective méditative sur la gestion du stress, avec des conseils pratiques pour intégrer la pleine conscience dans la vie quotidienne.
  • « Scenario Planning: A Field Guide to the Future » par Woody Wade (2012) – Ce guide pratique propose des méthodes concrètes pour la création et l’application de scénarios.
  • « Learning from the Future » par Liam Fahey et Robert M. Randall (2009) – Ce livre explore comment la planification par scénario peut être un outil d’apprentissage organisationnel puissant.
  • « Développez votre intelligence avec le mind mapping » par Tony Buzan (2018) – Tony Buzan, le pionnier des cartes heuristiques, explore en profondeur l’art de la cartographie mentale et ses applications pratiques.
  • « Mind Mapping For Dummies » par Florian Rustler (Wiley, 2020) – Ce guide pratique propose des conseils détaillés sur la création de cartes heuristiques pour améliorer la créativité, la résolution de problèmes et l’apprentissage.